• Les p'tites dames

    Tout est parti de là, mais quelle aventure !

     

    invitation à écrire une nouvelle ou autre chose, court ou long, à votre idée sur :

     

    La p’tite dame sur la route bordée d’arbres
     

    Elle m’obsède depuis trois semaines au moins.  Je la vois. C’est une petite dame en manteau cintré marron clair et bottines cambrées.

     

    Elle a des cheveux châtains bouclés, sans grand charme. Elle porte une sorte de sacoche , comme Marie Poppins.

     

    Elle marche sur une route bordée de vieux platanes. L’asphalte brille, il est mouillé. Rien de plus, c’est au milieu de nulle part.
    Vous en savez autant que moi.

     

    Cette image m’embête. Elle veut que je raconte son histoire. Que diriez-vous de l’écrire aussi, de votre côté ? Ça pourrait être amusant de comparer !

     

    Si ça vous tente, faites le moi savoir ; (acquaroli@orange.fr), puis écrivez l’histoire de « la p’tite dame sur la route bordée d’arbres »

     

    Quand c’est prêt, faites le moi savoir à nouveau, nous essaierons de les publier toutes ensemble ici (ou ailleurs selon vos suggestions)
    Vous pouvez diffuser l’idée, plus on est de fous plus on rit. Moi, je ne sais pas très bien utiliser Internet. D’autres savent : aidez-nous !

     

    J’aurais grand plaisir à écrire en votre compagnie,et à vous lire. Alors, à bientôt ?
    Nicolaï

     

    Moi, j'ai fini !  Et vous  ? 

    Vous pouvez faire très bref, du genre :  Elle marchait, la route s'ouvrit et l'engloutit  

    FIN  

    !!!

     Je me dois de vous accueillir : voici en ouverture ma petite contribution

    La p’tite dame ne sera pas au chômage !

     

     La p’tite dame au manteau roux qui marche sur l’asphalte noir de la route bordée d’arbres... Qui est-elle ? où va-t-elle ? D’où vient-elle ? Est-il vraiment insolite de marcher ainsi, solitaire, en

    portant une sacoche non identifiée ?

    Si elle avait arboré une tenue claire et bariolée, des tennis et des écouteurs aux oreilles, elle serait passée pour une sportive, et aurait regagné les rangs de la normalité. Si elle avait promené

    un chien, aussi. Si elle avait porté un jerrycan ou tout autre récipient, on aurait opté pour une automobiliste en panne d’essence, on aurait compati...

    Mais non. Elle a mis son petit manteau, chaussé ses bottines cambrées, attrapé son sac sans spécialisation, et elle marche sur la route, au milieu de nulle part, entre deux rangées d’arbres.

    Mais quel est ce murmure ? Dans le grand silence de nulle part, juste troublé par le craquement mou des feuilles fraîchement tombées foulées par son pas vif, la p’tite dame entend.

    Elle entend ce que racontent les arbres de leur voix enrouée par l’automne.

    — Frrr elle est embauchée, frrr

    — Brrr  elle a trouvé du travail, brrr

    — Noooon elle ne sera pas à la rue, nooooo.

    —  Ahhhh... lectrice, c’est un métier, ça ?  ahhhh ... ?

    — Peuhhh peu importe, elle a son CDI ! ihhh...

    — C’est èèè là... Il faut tourner là, ââââ...

    Emue et reconnaissante de la part que prend la nature à son infini soulagement, la p’tite dame tourne dans l’allée sablée qui mène à son nouveau lieu de travail.

    Il y a encore des questions, des conjectures. Que va-telle trouver ? Qui ?

     Il y a encore assez d’énigmes pour bâtir une histoire, une autre histoire.

     L’histoire de la p’tite dame au manteau roux qui marchait sur l’asphalte noir de la route bordée d’arbres...

    Je vous la raconterai... demain peut-être...

     

     

     Voici l'histoire qu'a écrite Monique Marta (revue VOCATiF)

     THEME : « La p’tite dame sur une route bordée d’arbres. » 

     

    C’est vraiment emm… : ma voiture m’a lâchée en plein désert provençal ; il fait presque nuit ; le ciel menace ; et il n’y a pas un chat. Que puis-je ? Les chênes-lièges, qui bordent la route, ne me sont d’aucune utilité. En cas d’orage, m’offriraient-ils même un abri ? Pas sûr !

    Je n’ose quitter ma voiture. Et, bien évidemment, j’ai oublié mon portable… Alors marcher. Jusqu’à ce que je trouve une habitation. Mais il se fait tard. Et si j’abandonne ma voiture, si je ne trouve rien, je n’aurai également rien pour passer la nuit… Qui plus est, je n’ai même pas une lampe de poche…

    Bon ! Alors patienter. Rester près de la voiture. Rester près des arbres.

    J’ai l’air de quoi comme ça ?

    D’une p’tite dame sur une route bordée d’arbres.

    Et même ! Si une voiture venait à passer. S’arrêterait-elle ? Je n’ai plus vingt ans. Et j’ai horreur de faire du stop…

    Mais tiens ! Qui vient là sur la route ? Un homme avec son chien. Ou un extraterrestre. Cela ne peut être que ça dans ce désert paumé.

    Cependant il s’approche.

    Non, ce n’est pas un extraterrestre.

    Il s’approche et le ciel se fait de plus en plus sombre.

    Un homme avec un chien : ce ne peut être une mauvaise rencontre.

    Il arrive à ma hauteur. Le chien me renifle.

    « Problème ? » demande l’homme.

    Confuse, je réponds : « Je crois que je n’ai plus d’essence…

    On va s’arranger. J’ai ma voiture après le tournant. Je vais pomper. Je n’aime pas ça du tout ; mais bon… »

    Et c’est ainsi que je fis la connaissance de Pierre.

    Il pompa, pua l’essence.

    Ce n’est pas ce jour-là que nous échangeâmes notre premier baiser. Mais ce fut le début d’une longue histoire. Les chênes-lièges en sont témoins.

    Et Flic, le chien, qui, ce soir, couve mes pieds, tandis que Pierre, dans la pièce à côté, écrit un conte sur « un p’tit homme sur une route bordée d’arbres… »

    FIN

     

    Et Marcelline 5 a eu une autre idée

      La p’tite dame sur la route bordée d’arbres

    C’est une petite dame en manteau cintré marron clair et bottines cambrées. Elle a des cheveux châtains bouclés, sans grand charme. Elle porte une sorte de sacoche, comme Marie Poppins.
    Elle marche sur une route bordée de vieux platanes. L’asphalte brille, il est mouillé. C’est au milieu de nulle part.
    Le rythme de son pas vif sur l’asphalte fait naître une musique dans sa tête. Aussitôt, elle la fait taire. Encore un peu de ce calme presque sinistre, de cette solitude humide que ne trouble pas le craquement des feuilles.

    Encore un peu de cet isolement campagnard qui lui a fait tant de bien.
    Combien de kilomètres encore pour rejoindre la toute petite maison d’Agnès, cachée par les grands arbres, blottie comme lièvre au gîte dans les buissons dépouillés par l’automne ? Trois peut-être, pas plus. Il ne s’agit pas de marche sportive, seulement d’aérer encore et encore ses poumons encrassés par l’air vicié qu’elle inhale d’ordinaire. D’ailleurs, ses vieilles bottines cambrées ne lui permettraient pas de plus longues trottes, et c’est pour cela qu’elle les utilise.
    Harry le lui a bien précisé : aucun relâchement, ni des pieds, ni de l’attitude, ni de l’alimentation. Il se méfie de la campagne comme de l’enfer.

    S’il savait qu’elle a bu du lait de ferme, mangé des tartines de gros pain gris rassis avec du beurre et qu’elle a adoré, qu’elle n’a pas fumé, ni usé d’aucune drogue, qu’elle a écouté religieusement le silence, sans penser à autre chose qu’à admirer les petits oiseaux dans leur milieu, à guetter à heure fixe un renard, promeneur régulier , à observer les pies épiant et maraudant les caches des écureuils... Il n’en saura rien, celui qu’on appelle Harry, tout bêtement Jean Pierre pour l’état civil.
     

    Elle marche, la p’tite dame banale, dans le manteau démodé emprunté à la garde robe d’Agnès. Dans sa sacoche d’une autre époque, elle traîne une petite bouteille d’eau, un livre de récitations de petite fille, classe CM 2, édition1948, et les papiers qui enveloppaient le sandwich qu’elle a savouré tout à l’heure en lisant, assise sur une souche dans une tache de soleil. Quand elle s’est regardée partir, ce matin comme les autres jours elle a aimé l’allure commune de sa silhouette aux tons éteints et le port de ce sac de cuir trouvé au grenier. L’ordinaire perruque bouclée châtain qui lui sert de bonnet contribue à la métamorphose.
    Dernière journée de cette parenthèse rurale, dernier jour de vacances, dernière nuit au calme de la petite maison cachée, avec un édredon rouge gonflé de plumes, sous l’œil sévère d’un grand-père moustachu raide dans son cadre ovale.
     

    Demain, plus de perruque terne sur ses cheveux platine. Demain, on ressort la mallette à maquillage et les frusques voyantes.
    Demain on découvre avec Harry toujours sémillant les costumes neufs de la nouvelle revue. Exit, la crasse et les vieilles odeurs de transpiration.
    Des plumes, encore des plumes ! Des strass, encore des strass ! Propres et pimpants, avec des paillettes rutilantes. Mais rien de nouveau sous les spots. Une revue est une revue et il n’y a que pour la publicité que ça change. Mêmes gestes, mêmes danses simplement permutées, mêmes rythmes, mais dans l’autre sens... le tableau brésilien... les jets d’eau, et le final : le tableau blanc, adamantin et éblouissant.
    Et la Reine de la Nuit, étincelante de bijoux, magnifiée par des lumières extraordinaires, juchée sur d’ahurissants talons de vingt centimètres et toute environnée de plumes dont l’éclat rivalise avec un maquillage de scène extravagant éblouira les touristes attirés par les lumières comme l’étaient les papillons de nuit, quand elle lisait, le soir, dans la petite maison d’Agnès, « la cruche », d’Albert Samain dans son livre de récitations

    FIN

     

    Nicole L a été inspirée deux fois 

    Voici son premier texte

    Nicole n'a pas mis de titre, on pourrait l'intituler: le rêve dans le rêve  ?

    Je me suis réveillée avec une image précise et des mots pour la décrire :
    « C’est une p’tite dame en manteau roux, avec des bottines cambrées, qui marche d’un pas vif sur l’asphalte noir et luisant d’une route bordée de grands platanes. Elle a les cheveux bouclés sans grand charme, et porte un sac de voyage à l’ancienne ».
    Je suis cette petite femme...
    Ce sac est très lourd. « il doit peser son pesant d’or », pensai-je. Non . Impossible de continuer, il est trop lourd. Le bras me fait mal. Une douleur criante, d’est installée soudainement et descend tout le long jusqu’au coude. Je m’arrête et dépose le sac ; mon bras aussitôt est soulagé
    J’ouvre aussitôt ce sac beige et marron, avec une longue anse. C’est vrai que ce sac de voyage est un sac à l’ancienne. Qu’est ce que je fais avec un sac pareil ? Il ne me ressemble pas.
    Rien ! Il n’y a rien à l’intérieur. Je suis suffoquée. Impossible !
    Pourquoi est-il si lourd ?
    Il y a un double fond ! Je cherche le long des coutures. Je retourne ce sac impensable. Jem’y appuis dessus, je fais peser tout mon poids. Je ne sens rien. Il s’aplatit lamentablement, rien de plus !
    Et puis d’ailleurs, pourquoi accepterais-je ces mots me décrivant : « Elle a des cheveux bouclés sans grand charme ». Qui se permet d’ainsi me définir ?
    Je me réveille ! C’est le rêve dans le rêve.
    Cette fois le deuxième réveil est le bon !
    Je décide alors d’écrire.

    FIN

     

     

    Bernadette D, quant à elle, a vu la p'tite dame dans un Polar, ou un Thriller

    Elle n'a pas donné de titre, moi, je l'appellerais bien" Hildegarde"

     

    Elle marche sur la route humide, la p’tite dame , d’un pas vif, entre deux rangées d’arbres serrés comme les barreaux d’une énorme prison. La voiture la suit un instant, puis stoppe brusquement. Quatre hommes en jaillissent, main sur la poche.
    Elle s’arrête, la mine effrayée.
    — Brigadier Prunier. Vous êtes en état d’arrestation, dit l’un d’eux en sortant une carte marquée de tricolore.
    Deux autres lui tiennent les bras, le troisième s’empare de son curieux sac de voyage
    — Rien, Chef ! dit-il.
    Il le pose sur l’asphalte luisant, aux pieds de la p’tite dame qui n’en mène pas large.
    — Relisez le signalement, Bob.
    — Individu de sexe féminin, taille : moyenne à petite. Porte un manteau roux, cintré, et des bottines cambrées à lacets, hum ...41 fillette ! Cheveux châtain bouclés. Porte un sac de voyage à l’ancienne avec fermeture rigide.
    — C’est bien elle, chef . Mais le sac est vide. Pas d’argent, pas de papiers.
    La p’tite dame au manteau roux ne dit rien. Elle ne tremble pas, ne pâlit pas. De temps en temps, un regard en-dessous glisse vers l’un ou l’autre des policiers. Apeuré ? Non. Impatienté ? Peut-être. Hostile ? Haineux ? On dirait...
    Invitée sans ménagements à monter dans la voiture, menottée et attachée au support métallique du siège, elle semble tout accepter.
    — C’est pas un peu trop, Lambert ?
    — On n’est jamais trop prudent, Chef.
    La voiture exécute un demi tour serré, et repart sur ses traces. Toujours ces arbres dressés bordant cette route monotone... Soudain :
    — Là, Chef ! Je rêve ?
    — Stop !. Nous rêvons tous, alors !
    Un coup de freins bruyant, et la voiture stoppe brutalement devant...
    ...Une p’tite dame en manteau roux cintré, et bottines cambrées à lacets, qui marche d’un pas vif sur l’asphalte luisant de cette route pas si monotone qu’il y paraît. A son bras, un sac de voyage à l’ancienne, de cuir patiné.
    — Faut-il relire le signalement, Chef ?
    — Attention, elle se trouve mal !
    — Allonge-là, sur ma veste...
    — Le sac ?
    — Un vrai bazar ! Pas de papiers non plus. Ah ! Tiens tiens ! Un paquet !
    — Elle revient à elle. Arrête de la gifler, Victor, appelle plutôt les renforts.
    — Alors, le paquet ?
    — Les bijoux, Chef. Je crois qu’il y a tout.
    — Mince alors ! Et l’autre ?
    — J’l’avais oubliée, celle-là. J’avais bien fait de l’attacher, hein !
    — Chef, z’avez vu les bottines ?
    — Oui, et alors ?
    — Pas plus de 37, la pointure.
    — V’là les autres. On embarque les deux. On y verra plus clair à la maison.
    Allez ! Zou !
    Dans l’autre voiture, les deux hommes s’esclaffaient !
    — Mince ! Deux p’tites dames ! C’est comme les champignons ! Si on cherchait encore ? Y en à p’têt d’autres ?
    — Allez, tu t’en occupe, Charlie. N’empêche qu’ils ont les bijoux ! C’est pas clair, clair, tout ça. Allez ! en route !
    Joli succès en arrivant à la gendarmerie. Deux p’tites dames pareilles, deux sacs inhabituels, et surtout les bijoux de la Comtesse !
    L’identité de la première ne résista pas longtemps. Cette p’tite dame était un homme, à la perruque bien ajustée, et à la barbe qui commençait à traverser le maquillage.

    Il se déclarait innocent :
    — Je suis comédien. Voici mes papiers. J’ai été embauché pour tenir un rôle, celui d’une p’tite dame, que je devais intercepter adroitement pour échanger les sacs.
    Je ne suis pour rien dans cette affaire. Un rôle comme un autre, c’est tout.
    — Ah oui ? Echanger les sacs ? Et pour cela , il fallait pouvoir passer pour elle ? Que vouliez-vous lui faire ? La kidnapper ? La tuer ?
    — Je vous dis que je n’y suis pour rien. On m’a payé pour lui ressembler, lui échanger son sac, et on devait me dire après où aller.
    — Qui ? Qui t’a payé ?
    — Oh ! J’dis tout ! C’est pas une histoire pour moi, ça, On m’avait pas parlé de gendarmes !
    Il fouille encore ses dessous et sort un papier :
    — C’est lui.
    — On vérifie. Au trou, en attendant !
    Quant à Hildegarde Berthoux, la vraie p’tite dame, ce fut bien compliqué.
    A l’entendre, amie intime de la Comtesse. Chargée par elle de lui rapporter les bijoux de chez la Marquise, chez qui ils étaient. La Comtesse, un brin désargentée, voulait confier ces bijoux à un spécialiste, aux fins d’expertise, afin d’emprunter de l’argent. Ils serviraient de garantie, tout en restant en sa possession. Fin de la déposition de la p’tite dame, entre deux sanglots.
    Mais pourquoi étaient-ils chez la Marquise, ces bijoux ? Hildegarde l’ignorait, ou prétendait l’ignorer. Et pourquoi la Comtesse avait-elle porté plainte pour la disparition de ces pièces, si elle les savait en transit dans le sac d’Hildegarde ? 
    Ils étaient dans sa famille depuis Louis XIV, ces joyaux, répertoriés, célèbres et par là même invendables ! N’auraient-ils pas dû être à la banque, dans un coffre ?
    Des vérifications s’imposaient. Hildegarde, avec son ton sincère, parlait d’un air inconséquent d’allées et venues de bijoux de très grande valeur, qu’on lui confiait ainsi, sans aucun reçu... Le brigadier se grattait la tête. Et que faire de cette éventuelle amie intime de la Comtesse, en attendant la confirmation de ses déclarations un peu compliquées ? Au trou ? comme disait Victor ?
    Un coup de fil à la Comtesse le renseignera sur son intimité et sa confiance envers Hildegarde. Et les bijoux, les rendre, les confier à l’expert ?
    Simple brigadier, mais fin limier pour le flair, il décida de ne plus parler des bijoux, et d’intimer à la brigade d’en faire autant en attendant d’y voir plus clair.
    Bien lui en prit.
    -La Comtesse déclara que ces bijoux qu’elle confiait allègrement à une petite dame frêle étaient des copies. Mais elle avait porté plainte pour le vol des vrais, disparus de son coffre.
    -La Marquise affirmait que c’était les vrais, dont elle était légitime propriétaire, qu’elle confiait à Hildegarde, personne peu voyante et de toute confiance. Elle les prêtait à la Comtesse, son amie, qui les lui avait vendus, jadis, pièce par pièce, secrètement.
    -Le comédien avait été embauché par un détective privé mandaté par le prêteur.
    -Le prêteur confirmait qu’il avait accepté le principe d’avancer de l’argent sur la valeur estimée des bijoux bien connus de la comtesse, puis avait été pris d’un doute. Il avait mis en route une petite enquête secrète qui lui avait appris que tous les bijoux en question avaient été copiés par un excellent joaillier.
    -La Comtesse prétextait qu’à cause de la sécurité, elle ne pouvait que rarement les porter. D’où les copies, moins vulnérables.
    -La Marquise, titulaire d’une immense fortune personnelle, avait au fur et à mesure racheté à son amie la Comtesse les pièces copiées. Mais la Marquise, mariée à un homme avide, laissait croire à celui-ci que les bijoux étaient des copies de ceux de la Comtesse, pour éviter de le tenter.
    Fin des dépositions
    Le soir, à la maison, le brigadier, la tête comme une coucourde, récapitulait les informations de la journée, en contemplant machinalement le petit coffret à bijoux de sa femme, garni de sa bague de fiançailles, de son léger bracelet de jeune fille, d’une croix en or et des boucles d’oreilles de leur anniversaire de mariage, deux rubis discrets .
    Il avait porté lui même les bijoux de la Comtesse, non, de la Marquise, enfin, ceux que transportait Hildegarde, en haut lieu, pour enfin savoir qui croire, Il avait été particulièrement exigeant sur la rédaction du reçu.
    Le brigadier dormit mal et rêva, au petit matin, d’un défilé de p’tites dames en manteau roux, toutes semblables, sur une route bordée de joyaux au garde à vous comme des arbres serrés.
    Au bureau, il apprit que l’expertise officielle des bijoux serait plus longue que prévue, étant donnée la maîtrise exceptionnelle du joaillier qui avait exécuté les copies. Il fallait dessertir les pierres pour les tester et je ne sais quoi d’autre.
    Il avait relâché la p’tite dame, Hildegarde Berthoux, hier soir. Que faire ?
    La Marquise disait lui faire toute confiance, si la Comtesse, tout en confirmant, était plus évasive.
    Elle habitait tout près de là, entre les deux châteaux de la forêt. Elle n’irait pas bien loin, avec ses petites bottines cambrées !
    Il partit pour une ronde de routine avec Victor. Il fallait vérifier une maison forestière squattée, pas loin.
    Et sur la route bordée d’arbres, marchant d’un pas vif sur l’asphalte luisant, apparut une p’tite dame en manteau roux et bottines cambrées !
    Elle portait à nouveau le sac qu’on lui avait rendu hier soir.
    Ils stoppèrent et l’interpellèrent, avec déjà une certaine familiarité.
    — Eh bien, mademoiselle Hildegarde. Vous ne deviez pas quitter votre domicile ! Votre sac, s’il vous plaît.
    Victor plongea dans le sac, en sortit un paquet semblable à celui d’hier, puis vida tout un bric-à-brac sur un journal.
    — Alors ? Que dites vous, cette fois ?
    — Ces titres m’appartiennent. Je veux les porter à la banque. J’ai peur qu’on me les vole, avec toute cette histoire.
    — A la banque, à pied ?
    — Non. Le chauffeur de Madame le Comtesse devait m’emmener.
    Prunier sortit de l’enveloppe un paquet de titres au porteur. Evaluation ? Origine ? A vérifier.(soupir !)
    Il faut encore que je vous embarque, mademoiselle Berthoux ! Vous n’êtes décidément pas sage. Je dois vérifier vos dires. De plus, vous n’avez pas tenu votre parole de ne pas sortir de chez vous. Dois-je vous mettre en garde à vue ?
    La voiture repartit avec ses trois passagers. Au virage du château de la Comtesse, une voiture noire démodée attendait. Hildegarde ne dit rien, mais son regard s’embua.
    Encore un gros succès à la gendarmerie pour l’arrivée de la p’tite dame au manteau roux. Le Brigadier, penaud, accéléra les formalités.
    Il se jeta dans son fauteuil avec un gros soupir excédé. Des titres au porteur, cette fois. Interroger le service financier de la gendarmerie. Il lui fallait étayer ses vagues connaissances avant d’interroger Hildegarde.

    Et que faire d’elle ?
    La cellule de garde à vue était libre depuis le départ du comédien, blanchi. Contrat de travail en règle, et métier justifiant le travesti.
    Ce matin aux aurores était donc sortie de la gendarmerie une première p’tite dame en manteau roux. Il fallait bien que ce comédien ne rentrât pas chez lui tout nu ! Prunier espérait seulement qu’il avait évité d’aller arpenter d’un pas vif l’asphalte de la route bordée d’arbres, qui commençait à lui sortir par les yeux ! Peu après, Victor et lui en amenait une autre ! Les éclats de rire étaient excusables ! Mais vexants .
    Allez ! Au trou, Hildegarde, protégée de la Comtesse ou pas !
    — Victor ! Emmenez Madame à ses appartements, s’il vous plaït.
    Difficiles recherches, enquête embrouillée.
     

    Au bout du compte, Hildegarde et la Comtesse se partageaient les faveurs du chauffeur de Madame, et le trio s’était ligué pour dépouiller la Marquise des vrais bijoux, que celle-ci avait racheté à la Comtesse sans le dire à personne, livrant son innocence peu méfiante en pâture à ce trio infernal.
    Le chauffeur et La Comtesse avaient mis au point le scénario, Hildegarde s’était laissé corrompre, mais finaude, avait joué sur les deux tableaux, s’étant approprié aussi les titres au porteur remis par la Marquise pour dépanner sa pauvre amie le Comtesse. Sans le comédien si bien grimé, l’affaire serait passée inaperçue.
    Mais au fait, le comédien, que devait-il faire à la place de la p’tite dame ?
    Nerveux, Prunier fit venir Bob et Victor, et ils trouvèrent facilement parmi les histoires toutes simples, une petite enquête pépère de l’autre côté de leur zone d’influence, en ville, loin de toute route asphaltée bordée de gros arbres.
    Ils espéraient que le terrain urbain ne serait pas propice à la prolifération des p’tites dames en manteau roux et bottines cambrées... Oh, et puis Zut !

    FIN

     

     

    Et si c'était vrai ? nous dit Yvette

     

    Si c’était VRAI...

    Mais que fais tu donc là, petite dame, par ce temps maussade et humide, sur cette route droite : sans début ni fin ?
    Que fais-tu là, dans ce paysage désolé, avec ton petit manteau roux ?
    Attends-tu quelqu’un ?
    Non, tu n’attends pas, car à pas menus dans tes petites bottines cambrées, tu avances doucement, tranquillement sur l’asphalte noir et mouillé, précédée par ton reflet qui marche en dansant sur la route devant toi
    Cherches-tu quelqu’un ?
    Mais qui donc pourrait vouloir se cacher dans ce décor vide, derrière ces arbres alignés comme des soldats au garde à vous des deux côtés de cette route infinie ?
    Qui es-tu donc, discrète petite dame solitaire ? Où vas-tu ? D’où viens-tu ?
    Peut-être rentres-tu chez toi, après quelques menus achats bien cachés au fond de ton grand sac à malices ?
    Mais ! Est-ce une illusion ? J’ai l’impression que tu RAPETISSES !
    Ce doit être un effet d’optique, car, à petits pas comptés, tu t’éloignes de moi, face au soleil d’automne déclinant qui descend à l’horizon
    Tes petits cheveux frisés brillent comme une auréole dorée, autour de ta tête, et ton petit manteau cintré devient si roux dans le soleil couchant qu’on croirait qu’il prend feu
    Non ! Je n’ai pas la berlue, c’est bien vrai : Tu t’amenuises, tu diminues, tu rétrécis bien plus vite que tes petits pas te projettent loin de moi.
    C’est bizarre ! C’est troublant !
    C’est étrangement surprenant !
    Oh ! Tu te retournes... T’es-tu sentie observée ? Tu ME regardes droit dans les yeux, me souris gentiment tout en décroissant de plus en plus vite. Tu ressembles à une poupée abandonnée là, au milieu de nulle part. D’un signe amical de ta main libre, tu me fais adieu et PFFUITT... Tu disparais complètement, ne laissant que quelques reflets roux sur l’asphalte brillant de la route désertée
    Je me frotte les yeux et je me demande si tout ça, je viens de le rêver, ou si c’était VRAI...

    FIN

     Josy aussi, a réussi un doublé : un texte et un poème.  j'affiche d'abord le poème, n'est-ce pas ?

     

    La petite dame en manteau d'alpaga
    Et ses bottines vernies de Malaga
    S'en va trottant à petits pas
    Sur le chemin en contrebas
    Et son cabas contre ses bas
    Ballotte et frotte, effleure le bas
    De son manteau en alpaga

    A l'ombre des grands arbres elle s'en va
    Elle longe le talus plat
    Là, elle voit le petit chat
    Boule noire sur l'herbe à ras
    Elle se penche et tend les bras
    Pose le cabas, prend le chat
    Contre son sein où le cœur bat

    Sous le manteau en alpaga
    Qui baille et s'entrouvre sur son cou gras
    En le berçant reprend son sac
    Ses bottines fines sur le pavé claquent
    De contentement elle sourit et va
    Le cœur battant au rythme de ses pas

    Sous le manteau laineux le chat
    Frissonnant ronronne tout bas
    Ragaillardie, elle marche d'un bon pas
    Vers I'infini, point de non retour, son aura
    Scintille doucement et je la vois
    Rapetisser sur le chemin en contrebas

    Ses cheveux dans le couchant là-bas
    Allument des feux de Bengale voilà.
    Josy
    23/03/15

    FIN

    A toi de prendre le relais, Nicole L pour ta deuxième prestation. Cinéma ?

    C’est une p’tite dame en manteau roux, avec des bottines cambrées, qui marche d’un pas vif sur l’asphalte noir et luisant d’une route bordée de grands platanes. Elle a des cheveux bouclés sans grand charme, et porte un sac de voyage à l’ancienne »...
    — Coupez !
    Mais comment tu marches ? Tu as des bottines cambrées ; elles te donnent de l’élégance !
    On dirai une paysanne qui ploie sous le labeur.
    Allez ! Tu recommences ; de l’élégance, de la fierté aussi, et une certaine légèreté. Pense à qui tu es : une riche héritière début 20e siècle, qui marche dignement, ayant fui les désirs libidineux de son grand-oncle !
    Je repartais pour la énième fois
    Effectivement ; je commençais d’être accablée par la situation. Je ployais sous le poids de ce sac et les projecteurs me donnaient chaud, et puis surtout... je ne reconnaissais pas Armand, cet être si attentif, si amoureux, si attentionné ; il était devenu vociférant, indélicat et hargneux.
    C’est ça, le métier de metteur en scène ?
    Je me promis de mener ma carrière de comédienne en m’appliquant à suivre ses conseils. Mais la barrière est mise : je trouverai un autre amant !

    FIN

    La deuxième prestation de Josy est en prose, cette fois

     

     

    La petite dame descend la pente en trottinant sur la route bordée de châtaigniers. A l'ombre de leurs grands bras, elle marche en balançant son sac le
    long de ses flancs et son manteau trop grand effleure ses bottines vernies qui font clac-clac sur les pavés disjoints. Elle sourit à l'infini qui s'ouvre devant
    elle, vers l'horizon où les arbres alignés au garde-à-vous se rejoignent dans le flamboiement d'un soir d'été. Ses cheveux d'or rouge brillent sous le calot posé
    comme un sémaphore sur le haut de sa tête qu'elle incline parfois vers le talus où poussent quelques touffes d'herbes hautes.

    Que cherche-t-elle sur le bord de la route ? Des pissenlits pour la salade ? Des champignons pour le rôti ? Quelques simples pour l'infusion du soir ? La dernière fois, elle a ramassé des escargots qui s'étaient aventuré après la pluie. Ce soir, elle est pressée de rentrer à la maison, son chat l'attend couché sur le rebord de la fenêtre. Il guette son retour, l'œil à demi fermé. Il sait. Il devine. Elle a mis dans son sac le pâté en boite et les œufs frais de sa voisine la commère. Elle l'aime bien malgré ses bavardages incessants. Sa voisine la met au courant sur les potins des environs et lui procure une bonne distraction à sa solitude.
     

    Encore quelques pas et elle aperçoit sa maison. Elle distingue le chat noir derrière la vitre qui s'étire et baille largement avant de disparaître à l'intérieur. Un tour de clef et la voilà dans l'entrée. Elle referme la porte vite vite sur la pénombre qui s'installe déjà autour de la maison et qui engloutit peu à peu la forêt du domaine. Elle pend son manteau à la patère, pose son calot sur la commode et délace ses bottines qu'elle retire prestement pour soulager ses pieds endoloris. Elle enfile ses pantoufles, toujours à la même place et avec un certain plaisir de satisfaction trottine jusqu'à la cuisine. Elle dépose sur la table ses provisions : le pâté pour son chat et les œufs pour elle-même.
     

    Après le repas, elle prendra son tricot resté sur le guéridon près du fauteuil en rotin pendant que le chat ronronnera sur le tapis de haute laine. Ainsi la soirée se déroulera comme d'habitude jusqu'au coucher.

    FIN
    Josy
    23/03/15

     

     Ah ! Germain. n'a pas donné de titre, mais a écrit entre parenthèses : (Giulietta Massina)

    Veut-il nous dire qu'il a pensé à cet air de trompette poignant, Gelsomina tiré d'un film : LA STRADA ?

    Alors, Germain a plus de quinze ans, n'est-ce pas ?

     

    La p’tite dame (giulietta massina)

    — Albert ! Albert ! Où est Tina ?

    — Bouh... J’sais pas...elle dort ?

    — Non, elle est pas dans son coin. Ya pas sa trompette non plus ! ni son chat !

    — Ben, j’chais pas, moi...

    — Tu l’as encore disputée, dis ! Tu l’as pas battue, non ? Mais r’mue-toi, s’pèce de grand pendard !

    — Battue, juste un peu... A comprend rien, c’te nunuche. Mais où qu’elle est passée. C’est l’heure de mon casse croûte. A sait bien qu’i’ faut l’faire à l’heure, c’te fi’ de p..

    — Mais Albert, elle n’est pas là, c’est grave ! Qu’est-ce qui s’est passé ?

    — Bah rien ! on s’a disputé... enfin surtout moi, j’y criais dessus, pis c’te hareng, elle m’a répondu ! J’étais scié ! Déjà c’te nuit, a voulait pas. C’est ma femme, j’l’ai forcée. J’voulais, moi. Et c’matin, a voulait pas répéter. A pleurnichait ! J’y ai mis la rouste, c’est normal, non ? Après, j’lai pus vue. J’allais pas la chercher, quand même ! Merde

    — Mais tu t’rends pas compte, Albert, tu comprends rien ! Faut la r’trouver. Ferme ta roulotte, viens, on va la chercher...

    L’acrobate, le jongleur, les deux clowns, la voyante, les deux filles, celle de la caisse et celle de la piste, même le nain au petit chien, toute la troupe ou presque s’égaye alentours et cherche, appelle, fait un foin de tous les diables.

    En vain, pas de Tina.

    Albert a mollement coopéré. Il a appelé deux ou trois fois Tina en la menaçant des pires représailles, si bien que les autres l’ont fait taire. Il est assis contre sa roulotte. Il a faim. Pas de casse croûte

    et il ne sait même pas où Tina range le pain. Il est toujours servi, il suffit d’un grognement et c’est prêt. Il commence a envisager l’ampleur de sa perte. Et le numéro qui n’a pas été répété ! Hier, Tina s’est trompée deux fois dans les nouvelles répliques ; ça a fait rire, mais Albert, ça ne lui plaît pas qu’on mélange ses répliques.

    Ils présentent ensemble des sketches comiques au cours desquels Tina, ridiculement affublée, joue de la trompette, réalise des acrobaties, se laisse enfermer dans une toute petite valise qu’il manie sans ménagements et donne à Albert des répliques de demeurée.

    Lui, paré d’un costume à paillettes, se garde le beau rôle du paon. Les spectateurs applaudissent Tina, qui assume presque tout le numéro, mais Albert prend pour lui le succès. Le spectacle, il le conçoit au premier degré, et c’est au second que le comprend tout le monde, et qu’il provoque rires et applaudissements.

    Ils sont dispersés dans le bois, appelant de temps en temps, quand nettement plus loin vers la gauche, on entend... oui, un air de trompette triste à fendre le coeur. Tina joue l’air de Gelsomina, extrait la Strada, un film ancien, mais qui a marqué son temps. Toutes ses larmes, toute son âme désemparée, tous ses reproches passent par cette musique poignante.

    Tout le monde se tourne vers l’origine du son, mais la trompette s’est tue.I

    Ils se tiennent ensemble, muets, contemplant le drame sans oser conjecturer la suite. Ils se dirigent au jugé vers l’endroit où ils pensent la trouver, certainement en train de pleurer allongée sur les feuilles.
    Le bois s’éclaircit et débouche sur une route dont l’asphalte noir brille d’humidité. Les têtes émergent une à une sur cette route droite bordée de gros platanes torturés d’une taille sévère. Ils sortent du talus et se groupent
     — Là-bas ! Regarde... Elle est là !

    On peut voir, toute petite au loin, une silhouette qui s’amenuise. Une petite dame, en manteau marron clair déchiré, chaussée des bottines cambrées qu’Albert lui a achetées au tout début de leur association, quand il était fou amoureux. Elle marche d’un pas vif et décidé, traînant un vieux sac démodé lourd de sa trompette, et du chaton qu’elle a adopté il y a trois jours et qu’Albert voulait tuer. Elle ne se retourne pas, sa décision est prise. Son air de trompette, adressé aux arbres, aux oiseaux et pour soulager son coeur trop lourd, était un adieu. aux brimades, à l’inconfort, aux coups et aux menaces. Elle s’en va... s’en va....

    Un géant hurle, se met à courir en sanglotant . Albert, au milieu de sa douleur, crie le nom de celle qui part et ne se retourne pas. Il était redevenu le petit garçon regardant sa mère partir sur une route semblable. Il court et ses longues jambes d’adulte tentent de rattraper le vieux cauchemar pour éviter que sa détresse ne recommence.

    Le géant éploré finit par rejoindre la p’tite dame qui ne veut pas l’écouter. L’éloignement et le remords l’ont rendu petit et pitoyable tandis qu’à genoux il demande pardon à une minuscule silhouette continuant obstinément le chemin vers ailleurs...

    Les artistes se tiennent ensemble, muets, contemplant le drame sans oser conjecturer la suite. Tandis que là-bas, touts petits sur la route, deux êtres se quittent pour toujours...ou se rejoignent pour toujours

     FIN

    Bravo à tous, à toutes et un grand merci pour être venus écrire et lire avec moi

    Je vous livre pour terminer ma contribution.

    (Effectivement, la petite dame en avait long à me raconter. Que voulez-vous, cette aventure l'a rendue bavarde !)

     

     

    La p’tite dame sur la route bordée d’arbres

    D’un pas ferme, d’un air décidé, elle marche, la p’tite dame au manteau roux, de la même teinte que les feuilles qu’elle foule de ses bottines cambrées. Elle porte un sac de voyage, ou une sacoche de médecin, d’infirmière, de sage femme ? Elle est peut-être professeur, et transporte ses cours et les copies de ses élèves. Elle peut être tout ça, la p’tite dame qui marche entre les grands platanes défeuillés, sur l’asphalte noir de la route déserte. Elle ne porte pas de chapeau sur ses ordinaires boucles châtain. Pas ou peu maquillée, allez savoir ? Elle pourrait être une musicienne de troisième ordre allant donner des leçons de piano, ou tenir l’harmonium à l’église. Quelle église ? Le prochain village est à six kilomètres, et celui derrière elle au moins à dix.
    Avant que je n’en fasse une espionne des extraterrestres débarquée d’une soucoupe, la p’tite dame a tourné à droite, dans une grande allée de platanes tout aussi vieux que ceux de la route. Elle se dirige, toujours d’un pas ferme, sans une hésitation, vers une immense grille comme en possèdent les grandes demeures, manoirs ou châteaux.
    La grille est entrouverte. Le manteau roux se faufile et continue l’allée sablée vers une grande maison composée de deux ailes. Elle se dirige vers un perron central, où une porte ouverte semble l’attendre.
    La semaine dernière, j’aurais pu la voir deux autres fois suivre le même itinéraire, si j’avais été là.
    Et deux semaines plus tôt, comme cette fois, la voir descendre du car et suivre la route bordée de ces vieux platanes.
    Mais à ce moment là, elle hésitait, semblait timide et apeurée. Elle avait tourné vers la grille, qui s’était ouverte et refermée seule sur son passage.
    Elle jetait des regards un brin affolés en triturant une enveloppe blanche, lorsqu’elle avait gravi lentement le perron. Puis la porte d’entrée l’avait avalée.
    Depuis, Mathilde, la p’tite dame au manteau roux, refaisait trois fois par semaine ce trajet, avec un certain plaisir.
    Le plaisir provenait de l’arriéré de son loyer enfin payé, de l’assurance de plusieurs termes de côté, d’avoir ajouté quelques suppléments à son régime vaches-maigres, riz complet-yaourt et de quelques fleurs pour égayer sa vie.
    Une annonce l’avait interpellée, au moment où elle désespérait de trouver un emploi. On demandait un lecteur ou une lectrice. Il s’agissait de lire trois heures de suite à haute voix, trois fois par semaine. Un dépannage pensait-elle. En réalité une aubaine. On demandait un suivi sans limites et on offrait des émoluments royaux.
    Le recrutement s’était passé par courrier— le bon vieux courrier postal qui ménage le suspense—. Les lettres, sans autre en-tête que l’adresse de la villa, tapées à la machine— la bonne vieille Remington d’avant les ordinateurs— , avec une signature illisible, comme elles le sont presque toutes.
    Convoquée pour un essai, elle se rendit à la villa, trouva dans la seule pièce ouverte— un grand salon— une petite table bien éclairée. Sur la table, un livre ouvert au deuxième chapitre d’un roman de Flaubert, et une injonction :
    « Lisez ce chapitre en entier, dès que vous serez prête. Puis, prenez l’enveloppe blanche et vous pourrez repartir. A moins d’un incident, votre contrat de travail vous parviendra demain »
    Troublée, elle attendit un moment que quelqu’un entre pour démarrer sa lecture. Personne ne vint.
    Juste, à un moment, la porte grinça, s’entrouvrit de quelques centimètres...mais ce n’était qu’un chat, qui s’assit sur un coussin et sembla attendre.
    Cette irruption discrète la décida. Rien à perdre... Il ne sera pas dit qu’elle n’ait pas tout tenté pour obtenir ce travail.
    Suivre à la lettre les instructions, c’est tout. Tant pis pour l’étrangeté de la situation. Personne ? Lire, quand même. Recommencer si on vient pour l’entendre ? Elle recommencera. Il lui faut cette place. Sinon, plus d’appartement, la rue ! Brrr ! A cette pensée, elle empoigna le livre et commença. Elle lut très bien et sans fatigue le chapitre imposé, saisit l’enveloppe, donna une caresse au chat, son seul auditeur visible, hésita encore... et reprit le chemin inverse, sous les platanes défeuillés de novembre.
    Dans le car, elle ouvrit l’enveloppe qui contenait une avance confortable sous la forme de quelques billets de banque.
    Le lendemain, son contrat signé lui parvint. Elle était embauchée.
    La fois suivante, pendant le trajet du car, elle imaginait des conversations avec d’éventuels collègues, un ou des patrons à qui il faudrait plaire, et la manière de répondre aux questions qui l’assaillaient depuis son étrange essai solitaire. Tantôt elle imaginait une ruche bourdonnante qui s’assemblerait pour l’écouter, tantôt un mystérieux vieux monsieur, en chaise roulante ou à canne blanche était son seul auditeur. Trop fébrile, elle sursauta parce que le chauffeur du car sonnait pour lui rappeler de descendre. Elle était arrivée.
    Une p’tite dame en manteau roux marchait sur l’asphalte noir de la route, entre deux rangées de platanes dont elle écrasait les feuilles mortes de son pas vif.
    En tournant à droite, puis en foulant l’allée sablée, son cœur se calmait, sa détermination s’affirmait. Quoiqu’il se passe, quoiqu’elle trouve derrière la porte entrouverte à son intention, elle avait une place, bien payée, un contrat de travail en bonne et due forme. Elle devait lire trois heures, avec ou sans auditeur. Eh bien, elle le ferait. Questions ? Quelles questions ?.
    Bien résolue, elle entra, trouva sa table prête, un livre ouvert à la première page et une feuille avec quelques mots tapés à la machine, et la précieuse enveloppe semblable à la première.
    Tout était simple et en ordre. Il s’agissait de lire pendant trois heures le livre préparé : L’illiade, d’Homère, dans une superbe édition reliée en cuir.
    Un lutrin était ajouté à son installation, ainsi qu’un boîtier noir.
    Quand elle prononça le premier son, ce boîtier s’éclaira et commença le compte à rebours de son temps de lecture.
    Seuls quelques chats occupaient la pièce à son arrivée, paraissant dormir.
    Dès que la lecture commença, ce fut, par la porte entrebâillée un long et silencieux défilé de chats, chattes et chatons, qui s’installèrent sur tous les sièges, canapés, appuis de fenêtre, consoles et tapis. Une foule de félins silencieux, rapides, comme respectueux, s’installa en habituée. Pas un bruit. Aucun dérangement. Mathilde avait suspendu un instant le début de sa lecture, sous le coup de l’étonnement. Elle reprit aussitôt, fidèle à sa résolution.
    Tout se passa sans incident. Après deux heures de lecture, la gorge sèche, elle avisa sur un guéridon à sa portée, une tasse et deux thermos, l’un marqué café, l’autre thé. Une carafe d’eau, également, avec un verre. Elle s’accorda quelques gorgées de thé et reprit sans plus s’arrêter... Le compte à rebours arriva à zéro au milieu du récit. Malgré l’absence d’auditeurs humains, elle finit le chapitre en cours, avant de placer le signet et de refermer le livre. Alors elle leva les yeux sur son étrange auditoire. Les chats s’étiraient, le dos arqué, puis prenaient tranquillement le chemin de la sortie. La salle fut vide en un instant, sans une bousculade. L’assistance féline avait fondu, s’était dissoute en toute discrétion. Pendant qu’elle remettait en ordre son petit bureau, ils défilèrent devant elle pour gagner la porte sans qu’elle les remarquât. Tout juste crut-elle entendre comme un fond de ronrons furtifs au passage. Elle partit la dernière, s’autorisant à éteindre la petite lampe qui éclairait sa table.
    Ses émotions s’étaient disciplinées durant cette après-midi sereine. Ses questions s’étaient momentanément taries. Sans réponses, toujours, mais tout était bien, en place, calme. Elle fut choquée, en montant dans le car, par des discussions énervées, des invectives adressées aux automobilistes, des paroles vulgaires envoyées à la cantonade. Elle fut heureuse de retrouver le calme de son appartement. elle restait sous le charme du récit homérique. Et aussi sous celui de l’exquise discrétion de tous ces chats qui avaient assisté à sa prestation.
    Sans trop chercher à savoir, elle pensait maintenant que, puisqu’on la payait pour lire sans auditeurs, elle était enregistrée pour quelque congrès, débat ou séminaire. Les chats ? Peut-être avaient-ils l’habitude de se rendre dans ce salon à l’horaire désigné ? Ces bêtes sont routinières. Leur discipline, leur silence, la synchronisation de leur entrée et de leur sortie avec la durée de la lecture ? Etrange, certes, mais sûrement il y avait une explication logique.
    Le problème est que, malgré ses raisonnements pleins de bon sens, elle ne dormait plus. Le mystère des chats attentifs occupait son esprit.
    Certes, on enregistrait certainement sa lecture, au bénéfice d’un ou plusieurs amateurs de littérature. Empêchés de lire eux-mêmes ? De plus en plus l’image de personnes malvoyantes lui semblait vraisemblable. Au prix où on payait sa prestation, il s’agissait soit d’un individu fortuné, soit d’un groupe. Le lieu luxueux allait bien avec l’un comme avec l’autre. Restaient les chats. Combien de chats ? Dix, quinze par canapés ; trois canapés ; nombre de fauteuils aussi garnis, le sol, les tapis, les coussins, on atteignait la centaine facilement... Elle se retournait dans son lit et tentait d’évaluer encore leur nombre. Mais, à la différence des moutons, compter les chats ne l’endormait pas. Ses questions prirent un autre cours :
    Ils assistaient à la lecture puis s’en allaient. Quel rôle jouaient-ils ? Evidemment ils ne comprenaient pas l’histoire. Alors ? Qu’est-ce qui les faisait rester tranquilles jusqu’à la fin ? Qu’est-ce qui leur indiquait cette fin ? Et pourquoi semblaient-ils heureux ? Elle avait bien cru entendre des ronronnements...
    Finalement, au petit matin, un rêve l’emporta. Elle marchait sur la route asphaltée et humide, suivie d’un long cortège de chats silencieux. Tous entraient dans la villa et lui faisaient visiter nombre de pièces inconnues, richement meublées et décorées. Dans chaque pièce plusieurs s’installaient, isolés ou en famille. Certains exécutaient de la musique, d’autres jouaient aux cartes, écrivaient à la machine. Certains salons ressemblaient à un club anglais, d’autres à un casino silencieux, d’autres encore à des intérieurs douillets, avec familles et amis. La maison entière abritait une communauté féline civilisée. Quand sonna le réveil, elle trouvait absolument naturelle cette situation. Un peu plus éveillée, elle se souvint de son insomnie, et du calme causé par le rêve. Tout de même, elle retourna consulter le contenu de la chemise concernant sa récente embauche. Le réel était là, sur sa table. Aucune erreur quant-au chiffre confortable de son salaire, aucune clause sournoise. Tout ceci était clair. Mais alors ?
    Alors, deux jours devant elle, plus de soucis. Après demain, la prudence voudrait qu’elle ne soit pas trop curieuse, qu’elle rengaine ses obsessions et qu’elle exécute bien le travail pour lequel elle était payée, et seulement ça.
    Elle ne put s’empêcher tout de même de se rendre au cyber-café du village au bout de la route, pour quelques recherches qu’elle voulait invisibles.
    En fait, ayant fait chou blanc du côté informatique, c’est le hasard—le bon vieux hasard arrivant à point nommé dans les histoires— qui lui procura un début de piste. Comme elle passait devant l’église, elle vit un homme âgé portant soutane tourner une énorme clé dans la serrure de la porte principale du monument. Elle pensa aussitôt qu’il était un ancien du pays...Laissant sa timidité de côté, elle aborda le vieux curé directement :
    — Bonjour mon père. Connaissez-vous l’allée des platanes ?
    — La Villa ? Bonjour madame. Oui. C’est facile à trouver... Vous....
    — Oui, j’ai trouvé, mon père, mais... Tous ces chats ?
    — Comment donc avez-vous pu les voir ? Personne ne les voit jamais. Ils vivent dedans, et dans le petit parc. Ils ne vont pas dans le grand. Vous êtes entrée ?
    Aie ! Mathilde venait de faire ce qu’elle avait voulu éviter. Elle avait donné l’éveil.
    — Oui, mon Père, le plus normalement du monde, convoquée pour un travail.
    —Ah bon ! Mais il est étonnant que vous les ayez vu... Ce sont les amis du propriétaire.
    — Tous ces chats ? Les amis ... ?
    — Ma Chère, dit-il avec onction, si vous devez travailler là-bas, sachez que, pour étrange que soit la situation, elle est parfaitement légale, et que si on peut, avec l’esprit chrétien, en réprouver la morale, tout cela est acceptable. Cependant, sachez que la discrétion est appréciée dans cette maison. Je vous dis cela parce que, si vous y travaillez, vous vous interrogerez. Mais si vous souhaitez y rester, ne cherchez pas les réponses. Peut-être, si vous êtes appréciée, les aurez vous un jour ou l’autre. Je vous souhaite bonne chance et que Dieu soit avec vous. On m’attend. Il esquissa un geste de bénédiction et tourna les talons, laissant Mathilde coite.
    Que faire ? Machinalement, elle retournait vers l’arrêt de car. Son instinct lui disait de ne pas chercher plus loin, de rentrer sagement. Elle en avait déjà trop fait. Ce curé avait l’air bon, et discret. Peut-être n’ébruitera-t-il pas sa curiosité. Elle était prévenue désormais.
    Les amis du propriétaire ? Oui, on peut s’exprimer ainsi pour des animaux de compagnie. Ce propriétaire qui était certainement son patron, et qui ne se laissait pas voir, alors que ses « amis », que personne ne voyait jamais, elle les connaissait bien. Alors ? Elle attarda son regard, lorsque le car passa devant l’allée des vieux platanes...
    Du moins, un fait la rassurait, elle n’était pas tombée chez des brigands. La situation était légale, morale mais pas tout à fait chrétienne. Que pouvait-on tirer de cette phrase, sinon un mystère épaissi. Mathilde, en approchant de chez elle, repensait aux derniers mois de misère, à sa grande frousse de se retrouver à la rue, aux petits emplois rudes et peu glorieux qu’elle avait dû accepter, et avec joie, pour survivre...
    C’est avec de solides résolutions qu’elle entra dans son appartement, qu’elle contempla avec amour.
    Elle devait aujourd’hui finir la lecture de L’iliade. Les séances s’étaient succédées, routinières.
    A présent, familiarisée, elle reconnaissait la plupart de ses auditeurs félins, installés toujours à la même place. Elle avait eu l’occasion de chercher des toilettes, s’était aventurée dans le hall, essayant plusieurs portes. Une seule était ouverte, c’était la bonne. Elle buvait davantage à sa soif l’excellent thé mis à sa disposition et, bien entraînée, lisait de mieux en mieux. Ce jour là, pour la fin du livre, un bruissement de ronrons sonores accueillit la fermeture du livre. On aurait juré des applaudissements ! Surprise, elle contempla les chats, tous sur leurs pattes et les yeux fixés sur elle. Pour un peu, elle aurait salué. Ils défilèrent devant elle pour sortir, comme d’habitude. Mais ils semblaient amicaux ! Une sensation idiote certainement !
    Elle se demandait, au retour, quelle serait sa nouvelle fonction, lire un autre livre, devant la même assistance, ou bien tout autre chose. Elle relut son bien aimé contrat de travail : trois heures de lecture , trois fois par semaine, rien d’autre n’était prévu.
    La p’tite dame au manteau roux, aux bottines cambrées, nue tête sous le crachin qui emperle ses boucles auburn, marche sur l’asphalte noir de la route bordée d’arbres... Elle n’est plus au milieu de nulle part, cette route. Mathilde a appris à déceler des sentiers, des chemins creux menant à des toitures moins dissimulées par les bois éclaircis par l’automne. Très tentée de se glisser vers ces habitations, voisines éloignées par le vaste parc de la Villa, cherchant toujours une explication au mystère des chats ses auditeurs, elle résiste et sagement continue son chemin. Elle a entamé la lecture de l’Odyssée. Pas vraiment de changement. Elle lit, fidèlement.
    Non dépourvue de cœur, elle a noué quelques liens avec ses auditeurs à quatre pattes. Certains viennent se frotter à ses jambes avant de s’éclipser, d’autres présentent leur tête pour une caresse, une chatte occupée jusque là d’une portée remuante, dès l’autonomie de ses petits, vint lui présenter son nez rose pour un bisou de chat, à peine un contact léger.
    Et puis un jour, il y eut le Visiteur.
    Plusieurs portes ouvertes, une équipe médicale en blouse blanche règlaient un va-et-vient de chats sortant d’ici, entrant là... Le Visiteur supervisait tout cela, mais la présence de Mathilde fit stopper cette effervescence. L’assistance habituelle prit place, mais aussi le Visiteur, à qui on laissa la jouissance d’un fauteuil au fond de la pièce. Un siamois s’installa sur ses genoux et un rayé gris vint en étole sur ses épaules.
    Intimidée, Mathilde entama sa lecture d’une voix blanche, puis, oubliant l’intrus, elle continua plus aisément. En refermant le livre, elle lorgna son premier auditeur humain par en dessous, mais il arrivait vers elle, un large sourire aux lèvres. Il s’écarta pour laisser les chats sortir, regardant avec intérêt les signes d’amitié félins envers la lectrice. Celle-ci comprit que peut-être elle allait échanger quelques mots dans cette maison, et sourit à son tour.
    Celui-ci rapprocha deux fauteuils, roula le petit guéridon où était le thé et, aujourd’hui, deux tasses et eut un geste pour l’inviter à s’asseoir près de lui.
    — Pas trop solitaire ? Ce travail vous plaît ? L’assistance paraît ravie.
    — Le travail effectivement me plaît, et les chats ne me gênent pas du tout J’ai seulement été surprise de ne pas rencontrer mon employeur. Est-ce vous ?
    Un éclair malicieux passa dans le regard de son interlocuteur, à l’écoute de cette déclaration :
    — Mais ce sont eux, vos employeurs ! Je ne suis que leur vétérinaire.
    — Comment ? Mais j’ai été engagée par courrier et... Elle écarquillait de grands yeux pleins d’incompréhension. Des chats ? mes employeurs ?
    — Ce sont les miens aussi, en quelque sorte, c’est très vrai. Mais je comprends votre incrédulité. C’est une situation très inhabituelle.
    Il servait le thé, ce qu’elle aurait été bien incapable de faire. Elle ne savait plus si elle rêvait, où elle était, et si on se moquait d’elle.
    — Ces chats sont, en société, les propriétaires de cette villa et des terres qui en dépendent, ainsi que de fonds placés, dont les rentes les font vivre, vous payent, me payent, moi et mon équipe, ainsi que le personnel nécessaire à l’entretien de la Villa. Et c’est une assez vieille histoire. C’est rôdé, l’organisation fonctionne à merveille.
    — Mais qui m’a embauchée, alors ? Les chats, même riches, ne tapent pas à la machine , ne signent pas au stylo.
    — Non. Plus tard peut-être, dit-il, mi-sérieux mi-rêveur.
    Mais ils emploient aussi des gens ayant les capacités nécessaires pour le faire, dont un spécialiste financier et un notaire. Votre contrat d’embauche provient de ce groupe décisionnaire. Vous voilà effrayée ? Il n’y a pas lieu.
    Ce sont d’excellents employeurs et ils sont tous gentils. Je les suis pour leur santé et leur développement psychique depuis plus de quinze ans, et je suis étonné de leurs progrès tant en bienveillance qu’en tolérance entre eux et avec les autres, et de leur amabilité. Vous êtes entre de bonnes pattes ! sourit-il.
    Mathilde continuait de penser que tout cela manquait d’humains.
    Elle renchérit :
    — Ils sont riches, dites-vous. Mais comment des animaux peuvent-ils posséder ? Se mettre en société, à vous en croire ? Employer des humains ?
    Vous êtes extrêmement incrédule, mademoiselle Mathilde. Il est vrai que l’histoire ressemble à un conte de fées, et que personne ne croit plus aux fées.
    Je vais faire une exception, parce que nous allons travailler ensemble, désormais, je ne veux pas que votre attention soit troublée par toutes ces questions auxquelles vous ne sauriez répondre seule.
    Après l’abominable guerre de 1914, il fallait reconstruire le pays en ruines. Ce qui attira d’entreprenants entrepreneurs, donc, évidemment de riches américains. L’un d’eux, multimilliardaire, acheta cette maison perdue pour son épouse, une très jolie dame revenue des salons, des flatteries et des distractions des dames de la bonne société de l’époque. Elle ne rêvait que nature, solitude et animaux. Elle vécut donc heureuse, dans cette maison que son mari avait améliorée et pourvue du confort vu des Amériques, et du style à la française. Elle eut des chiens, un chimpanzé, des lapins nains, des tortues, un alligator et des tas d’oiseaux, mais se lassa de ces animaux disparates, et s’enticha des chats. D’un, surtout. Il resta seul sur les lieux, lui et un cercle d’amis, environ une dizaine de félins, qui venaient le voir, jouer avec lui, et lui fournir de la compagnie. L’Américaine tenait à ce qu’il ne vécut pas seul, mais n’aimait pas qu’il sorte de la Villa et du Petit Parc, qu’elle avait fait aménager dans le Grand.
    Ils vieillirent ensemble. L’Américaine, devenue veuve et n’ayant pas de descendance, était immensément riche. Elle créa une fondation pour venir en aide aux victimes de la Grande guerre, avec un hôpital, un établissement pour ceux qui avaient tout perdu, même leur visage, ou leur mémoire, ou leur raison. Une véritable bienfaitrice à laquelle l’Etat ne pouvait rien refuser. Aussi, quand, sur la fin de sa vie, elle manifesta l’idée de léguer le reste de ses biens à Thot, son chat, que n’aurait-on fait en haut lieu pour lui faciliter les choses. Ainsi, tout ce qui concerne l’héritage, la propriété et la vie et la protection de ses habitants a été mis au point, élaboré, organisé par plusieurs ministères, empressés à servir la si riche vieille américaine. Rassurée par ces dispositions, elle vécut une embellie de santé durant laquelle Thot mourut. Elle eut le chagrin de l’enterrer dans le Petit Parc, et le bonheur de lui dresser un impressionnant mausolée de style néo égyptien. Cet antique  dieu du savoir avait attiré auprès d'elle un éthologue discret, qui se voua avec elle à l'étude et à l'amélioration de la vie de ses protégés   Ayant gardé sa raison jusqu’à la fin, elle passa ses toutes dernières années à contrôler le fonctionnement de l’organisation de la société féline qui succédait à Thot. Il y eut ainsi plusieurs amendements aux statuts en place, des améliorations peaufinant son oeuvre jusqu’au moindre détail, et elle mourut l’âme sereine, au milieu des sociétaires héritiers, qui avaient commencé à proliférer.
    Mathilde avait écouté religieusement parler le vétérinaire. Enfin une réponse sensée à ses innombrables questions !
    Sensée ? Inouïe, oui ! Mais possible, vraisemblable. Il continuait :
    — Le plus extraordinaire, c’est le fruit de mes recherches sur les descendants de ce Thot et de sa poignée d’amis. Vivant, génération après génération entre eux et en vase clos, ils ont perdu leurs mœurs de bêtes domestiques. Ils se sont civilisés, policés, je dirais raffinés. Vous avez pu constater leur comportement lorsqu’ils viennent suivre votre lecture. Ils sont pareils lorsqu’ils écoutent de la musique. Ils ont leurs compositeurs préférés, et même certaines interprétations qu’ils préfèrent à d’autres. Mais c’est peut-être seulement dû à leur ouie, un peu différente de la nôtre.
    Mathilde écoutait bouche bée. Elle commençait à douter de nouveau. Douter de la belle histoire de l’héritage de Thot, et de la raison de cet homme qui prenait le thé tranquillement avec elle en délirant sur les goûts musicaux des chats. Des chats ! Des animaux !
    — C’est pour ça que j’ai demandé quelqu’un pour leur faire la lecture. Ils sont libres de venir ou pas vous écouter, et ils viennent, tous. Jamais je ne vous demanderai de leur expliquer quoi que ce soit, d’ailleurs, eux-mêmes ne demandent rien. Mais ils écoutent et cela semble leur plaire. Alors, qu’en déduire ? Ou ils apprécient particulièrement la musicalité de votre voix, ou ils comprennent et s’intéressent ? D’ailleurs, tous les tests sont en progression. C’est inouï !
    Il parlait comme pour lui seul depuis un moment. Il semblait lui aussi étonné de ce qu’il était obligé de constater. Mathilde lui rendit quelque crédibilité. Fou ? Savant ? Savant fou ? Des tests ? Quels tests ?
    Ce soir là, la p’tite dame en manteau roux roula en voiture sur la route asphaltée, jusque chez elle et autrement qu’en car. Mais ne rêvez pas . Le vétérinaire, Gilles Ferniaux resta silencieux pendant le trajet, pensif, comme absorbé. Et quand elle descendit, devant chez elle, dit brusquement :
    — On va changer de style. On va tenter la poésie moderne, ou l’humour.
    Déroutée, elle balbutia un « au revoir à bientôt » confus et monta chez elle.
    La lecture de l’Odyssée s’achevait. Mathilde, depuis les révélations de Gilles, regardait ses auditeurs d’un tout autre oeil. Curieux, étonné, mais de plus en plus affectueux. Pour le dernier épisode de l’Odyssée, elle fut extrêmement attentive à leurs réactions. Rien ne démentait leur attention soutenue, et ils manifestèrent leur approbation à la fin du livre, par des ronronnements bruyants et des marques d’amitié en sortant.
    Gille apparut et lui proposa le thé et la voiture pour le retour. Il voulait lui parler.
    — Une batterie de tests est prévue la semaine prochaine. J’aimerais tenter une expérience juste avant. Je vous propose de lire quelque chose de bien différent, poésie, ou humour ?
    — Vous croyez que leur culture toute neuve, s’ils en ont acquit une, peut aller jusqu’à ces notions toutes humaines ? Ils ne peuvent pas rire, ni pleurer...
    — Ils sont bien sensibles au courage, à la valeur guerrière des héros d’Homère. Qu’ont-ils pu saisir des manigances des dieux et déesses, de la ruse, de l’amitié, de l’amour ?
    — Tout. Ce sont des sentiments universels. Votre hypothèse est folle, veuillez excuser ma franchise. Mais si vraiment leur comportement et vos tests s’accordent à dire qu’ils sont sensibles à ces lectures, Pourquoi ne pas aller plus loin ? Tentez déjà la poésie Auriez-vous une anthologie ? On peut procéder par sondages, si vous croyez pouvoir mesurer leurs réactions.
    — Pour les mesures sur tests, je préfèrerais procéder auteur par auteur, ce serait plus clair.
    Voici que Mathilde s’impliquait à présent à fond dans cette histoire insensée, qu’elle connaissait depuis si peu.
    Voici aussi que la p’tite dame au manteau roux , cintré et fort élimé rentrait à nouveau en voiture, et qu’elle ouvrait sa porte de célibataire farouche à un homme. Un fou qui l’entraînait dans ses délires, ou un savant avec qui elle discutait d’égale à égal, elle ne savait.
    Elle ne savait plus rien, pour l’instant, sauf qu’il était doux, par cet hiver triste, de se blottir dans des bras accueillants.
    La p’tite dame au manteau couleur de châtaigne, aux bottines cambrées , marchait pour la dernière fois sur la route asphaltée, humide et noire, entre deux rangées de platanes amicaux aux bourgeons vert tendre. Elle avait voulu refaire pour le plaisir ce chemin étrange qui menait à l’amour et à une famille nombreuse, aimable et heureuse dont l’histoire ne serait pas avant longtemps révélée à l’humanité septique et moqueuse. Mes ses affaires étaient déjà dans le quartier de la Villa réservé au « personnel ». dans les quartiers de Gilles.
    Le vétérinaire, ému, vint à sa rencontre, suivi d’un cortège de chats en joie, bondissant et jouant comme jamais elle ne les avait vus. Ils cueillirent un bouquet des toutes premières jonquilles et le déposèrent sur la première marche du mausolée dédié à Thot. Les chats se calmèrent une seconde, puis reprirent leurs démonstrations.
    — Et tu crois vraiment qu’ils ne comprennent pas tous les sentiments ? murmura Gilles au travers des boucles auburn qui arboraient maintenant un certain éclat.
    Mathilde, qui les avaient vu réagir à la lecture de Prévert, Rimbaud, Mallarmé, et même à l’écume des jours, de Vian, si éloigné du naturel sourit :
    — Et désormais, ils écriront.

    FIN

     

     Eh bien, j'avais attendu, je pensais conclure... Pas du tout !

    Une enveloppe est arrivée, d'une certaine Léa Battifoli ! (HUM) Elle n'a pas internet, a connu la demande chez une amie.

    Manuscrite, J'ai du recopier toute l'histoire ! et c'en est une ! Je vous la poste

    Voilà. Un titre ? récapitulation surprise ?

     

     

    Nicolaï est obsédé par une petite dame en manteau cintré marron clair, et bottines cambrées. Elle a les cheveux châtain bouclés sans grand charme. Portant un sac genre Marie Popins, elle marche sur une route asphaltée noire qui brille entre deux rangées de vieux platanes. Et c’est au milieu de nulle part. Celle image l’embête. Nicolaï sent que cette petite dame a envie qu’on raconte son histoire. Alors Nicolaï(qui est plus moderne que moi) lance un appel à ce sujet sur Internet. Il pense que ce sera amusant de comparer les réponses obtenues. Et elles arrivent, nombreuses et variées. Et j'aimerais y ajouter mon grain de sel...
    Pour l'une c'est le début d'une belle histoire d'amour commencé il y a longtemps sur cette route... Et qui dure toujours.
    Pour une autre c'est une danseuse de revue « emplumée » qui prend des vacances incognito à la campagne coiffée d'une perruque bouclée sur ses cheveux platine. Pour Nicole L c'est une dame qui semble être elle mais qui n'est pas »elle », qui porte un sac horriblement lourd et qui pourtant mystérieusement se révèle être tout à fait vide...
    Pour Bernadette c'est une histoire à rebondissements très compliqués qui se passe chez les gendarmes avec trois petites dames identiques et un trafic de bijoux chez une comtesse et une marquise...
    Pour Yvette c'est une apparition qui disparaît comme par magie.
    Pour Josy plus inspirée c'est un très joli poème d'amour entre la petite dame et un sur la route mouillée d'asphalte noir bordé de grands arbres.
    Nicole L, toujours prêts inspirée, en fait cette fois une artiste de cinéma qui joue et rejoue si souvent la même scène qu'elle en vient à haïr le metteur en scène qu'il était son amant.
    Josy propose cette fois l'histoire on ne peut plus banale d'une toute tranquille petite dame menant une vie monotone et routinière qui rentre chez elle comme chaque soir retrouver son chat et son tricot.
    Germain pense que c'est une petite dame fatiguée de vivre dans l'ombre d'un artiste hyper macho qui la maltraite et la méprise et qui donc décide de prendre la poudre d'escampette...
    Et puis il y a cette magnifique histoire de la petite dame embauchée pour faire la lecture à une immense tribu de... chats. Belle histoire qui se termine plus que bien pour notre petite dame
    et moi... Que pourrais-je inventer comme aventure à cette petite dame ?
    Une amoureuse, qui en cachette, revient de voir l'homme marié qu'elle aime en secret. Une fée qui cherche l'aventure au bout de cette route bordée d'arbres où elle a été entraînée bien malgré elle ?
    Une gouvernante anglaise qui revient de donner des cours particuliers à de jeunes élèves français vivant dans un château isolé ?
    Une jeune fille qui quitte sa famille où elle se sent oppressée entre ses vieux parents et sa jeune soeur invalide, pour lesquels jusqu'à ce jour pour lesquels, jusqu'à ce jour, elle a toujours sacrifié sa propre existence ?
    C'est peut-être une voyageuse dont la voiture est tombée en panne au milieu de nulle part à une époque où les téléphones portables existent pas...
    Ou bien une auto-stoppeuse qu'on a déposée le, comme ça, parce que le monsieur qu'il avait prise avait cru facile et qu'il s'était lourdement trompé sur son compte ?
    Ou bien simplement une petite dame que chaque soir le car dépose à son arrêt sur cette route bordée d'arbres, assez loin de la bifurcation qui la conduira chez elle ?
    je peux aussi imaginer une petite dame en larmes qui vient pour la Xème fois de se disputer avec son mari, et qui cette fois à pris la clé des champs vers cette route sans début ni fin ou jamais il ne pensera à aller la chercher ?
    C'est peut-être une folle qui s'est enfuie de l'asile où sa famille avait fait enfermer ?
    Ou bien une religieuse en civil qui rentre au couvent après une permission accordée pour l'enterrement de sa maman.
    Non... C'est tout simplement une extraterrestre cachée dans cet accoutrement d'humaine quelconque afin de passer inaperçu sur cette planète inconnue ou sa soucoupe volante l’a déposée avec pour mission : nous observer.
    C'est peut-être le fantôme du dame du siècle dernier, qui refait inlassablement jour après jour, les mots du chemin où un inconnu, un jour, l'a assassinée après l’ avoir violée, à côté d'un de ces platanes qui venaient juste d'être plantés.
    Ce pourrait être Cendrillon après que son carrosse soit redevenu citrouille, le 12e coup de minuit ayant sonné.
    Ou bien Peau d'Ane qui, cachant la peau de la bête dans son grand sac s'enfuit, aussi vite qu'elle peut, du château du vilain papa qui désire l'épouser.
    C'est peut-être une vaillante petite couturière du début du XXe siècle qui revient d'avoir livré une robe commandée par une riche bourgeoise.
    Ou bien serait-ce un ange gardien dans le genre de Joséphine avec son grand sac à malices, qui est à la recherche du « client » vers qui le ciel l'envoie, afin de les sortir du pétrin où il s'est lui-même fourré ?
    Je n'ai plus d'idées...
    Je ne sais plus quoi inventer qui ne l'ait déjà été.
    Qui donc cette petite dame ?
    D'où vient-elle ?
    Où va-t-elle ?
    Quoi ? Qui ? Où ? Comment ? Comment ? Pourquoi ? Pour qui ?
    De puis quand et jusquà 'où ? Depuis où et jusqu'à quand ?
    Hou la la ! C'est trop compliqué pour moi !
    Depuis que j'ai lu ce texte de Nicolaï, j'ai été contaminée.
    Des heures à y penser.
    Des jours à y réfléchir... Des mois à essayer d'inventer.
    Le temps a passé... Et je n'ai pas trouvé...
    Qui d'autre à inventé une histoire intéressante et originale à cette petite dame en manteau marron clair, qui marche en bottines cambrées sur la route d'asphalte mouillé au milieu de nulle part ?
    Bon, il faut qu'elle me sorte de la tête et de l'esprit, cette petite bonne femme qui ne fait qu'y trotter depuis que Nicolaï m'en a parlé. Et cela du fait déjà bien longtemps trop longtemps...
    Je DOIS l'oublier, ne plus y penser. À quoi donc cela m'avance-t-il d'envisager à son sujet tout et le contraire de tout ?
    De toute façon, je ne la connais pas, moi, cette petite dame insignifiante, qui marche, marche et marche toujours, sur cette longue, si longue route noire et brillante bordée d'arbres aux formes tourmentées.
    Enfin ! Ça y était... J'avais réussi à l'OUBLIER à ne plus être obsédée. Enfin, elle m'était sortie de l'esprit, avec la fin de l'année qui s'approchait à grands pas. Avec ces fêtes de fin d'année que, à force de les passer seule j'ai appris à ignorer.
    Mais... un soir... de décembre : on sonne à ma porte : c'est la factrice pour les calendriers. J'aime bien la factrice et j'aime bien les calendriers qui me rappellent mon ancien métier. Elle entre donc et sort de sa sacoche une poignée de calendriers afin que je puisse choisir celui qui aura l'honneur de trôner au-dessus de mon bureau, durant toute la prochaine année.
    Je n'aime pas les si classiques images de jolis petits enfants avec des chats des chiens ou des lapins.
    Je préfère certains paysages, des reproductions de tableaux, ou de vieilles photos.
    J'essaye de les regarder assez vite, car je sais que la factrice encore beaucoup de gens à voir.
    Et là... Oh ! Stupeur !
    Il y a sur un calendrier, là devant moi : une longue route bordée de platanes, dont on ne voit pas la fin, et, en premier plan : une petite dame en manteau marron clair, et bottines cambrées. Une petite dame aux cheveux châtains bouclés , sans grand charme, et qui porte un grand sac ventru.
    Je distingue bien sa figure avec un sourire à peine esquissé, un peu comme celui de la Joconde, un sourire mystérieux et énigmatique qui me fait penser qu'elle est en train de gentiment se moquer de moi...
    Et je me demande alors si c'est elle ou Nicolaï qui est en train de se moquer de moi ? et cette histoire que je viens de raconter, je me dis que ce n'est pas à Nicolaï que je dois l'envoyer mais plutôt à Pierre Bellemare pour compléter ses dossiers extraordinaires
                                                                                                                                         FIN
                                                                                                                                   LEA Battifoli

     

     

     

     

      

     

     

  •  

    Les jumeaux de la Toile

           Racontecrire http://racontecrire.eklablog.com/  (Poésie et fables, extraits de mes livres, nouvelles et articles)

           Racontelire: http://racontelire.eklablog.com/ (présentation/vente de mes livres, ceux de mes amis, petits textes en vrac pour rire ou s'émouvoir, vos questions , les réponses, vos écrits)


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique