• In mémoriam

    L'actualité fait remonter ce jour là sous la lumière.

    Je ne suis pas Charlie. Jamais je ne m'investis à ce point. J'aime l'humour, l'ironie, et je me battrai toujours pour qu'on puisse en user, et même en abuser.

    Ce jour là, justement, c'est sous le coup de la nouvelle toute fraîche de cet attentat et de la mort de quatre de nos plus brillants dessinateurs,

    que mon coeur à rejoint ma plume pour ce petit texte destiné seulement à faire sortir ma peine.

    On n'en était pas encore aux polémiques et l'action continuait dans un sens différent.

    Je savais seulement qu'on avait assassiné ces quatre-là et bien d'autres

    qui avaient lutté à leur façon, plume et crayon en mains, pour exprimer des idées.

    Les idées sont ce qu'il y a de plus précieux, car c'est l'expression même de notre humanité.

    On peut s'y rallier ou pas, mais on doit toujours défendre la LIBERTE de les exprimer.

    Et puis j'avais lu des interviews où ce dessinateurs exprimaient tant de joie de vivre et de brocarder !

     Bref, voici ce que , dans l'instant, j'ai en envie d'écrire sur cette nouvelle effroyable

     In memoriam

     

    Ils étaient quatre remuants trublions. Des diablotins s’amusant d’être chacun un peu plus cornu, fourchu, d’enfer que les autres, qui en rajoutaient aussi et tout le monde éclatait de rire.

    Le monde les faisait rire, la raison les faisait rire, les doctes, les dogmatiques, les politiques, les sérieux, les verbeux, les poncifs et les pontifes les faisaient rire, et pas à moitié, aux éclats.

    Ils aimaient les éclats de colère, de rire, de voix.

    Les personnalités, les célébrités, les anges, les démons, les demi-dieux, les dieux les faisaient rire. Rien ne trouvait-il grâce à leurs yeux ?

    Si, peut-être.

    Une petite fleur, un chaton, un malheureux et sa bouteille, sur un banc. Une vieille avec son cabas, une fille battue, un arbre blessé.

    Mais vite ils se reprenaient et s’empressaient de moquer ce qui, un instant les avait attendris.

    Féroces diablotins.

    Ils ne brandissaient jamais  autre chose qu’un crayon HB, une gomme douce, des marqueurs en tous genres et des crayons de couleur.

    Et ainsi armés, ils s’attaquaient aux puissants, aux grands de ce monde, à leur argent, leurs sbires, leurs courtisans, leur puissance ou présumée telle.

    Ils démontaient les arnaques, les trahisons, les traquenards, les entourloupes et surtout l’immonde connerie, n’épargnant personne, sans considérations de fonctions ou de grandeurs.

    Avec quoi réussissaient-ils ces exploits ? Leurs talents et leurs intelligences,  à part ou additionnées.

    Leur seul credo, déshabiller les faits de l’actualité pour en faire jaillir la vérité, nue et provocante.

    Insoutenable, parfois, la vérité sans fard.

    Peut-être eût-il fallu lui laisser quelque sous-vêtement, afin qu’elle soit moins crue, moins blessante... Mais ils riaient, riaient en escomptant l’effet produit sur leurs lecteurs.

    Ils jubilaient.

    Des menaces ? Que diable !  (ils n’y croyaient pas)

    Une alarme ? Grand dieu ! (Lequel ? ils n’en respectaient aucun )

    Un avertissement ? La haine ! Pas pour des traits de crayon ! Impossible !

    Et tous ensemble, ils riaient à nouveau, et les idées jaillissaient de leurs éclats de rire, toutes plus subversives les unes que les autres.

    Comme tous les mécréants, ils riaient de la mort, en s’interrogeant sur ce qu’il y a , derrière son large suaire.

    S’ « Il » existait ?

    Comme ils ont ri longtemps, certains voyaient arriver l’échéance. Bien sûr, ensemble et avec d’autres, ils en riaient.

    Peut-être un peu jaune, mais ils lançaient : « le premier qui le sait raconte aux autres ! » Et de rire et de dessiner encore, pour faire rire .

    Et ce matin,  en 10 minutes d’horreur et d’incompréhension  ils sont partis. 

    Ils sont partis voir, tous les quatre en même temps, accompagnés de gens qu’ils avaient fait rire.

    D’autres sauront-ils aussi bien qu’eux déshabiller les faits pour que sorte la vérité, nue et choquante, dans un éclat de rire ?

    D’autres seront ils  aussi incorruptibles qu’eux devant la puissance, l’argent, les magouilles ?

    La terreur. La terreur parviendra-t-elle à faire taire ceux qui reprendront le flambeau comme elle fait fléchir les puissants de ce monde ?

    J’aime bien terminer un texte par une pirouette. Mais là, Non. Pas ce soir

                                                                                                         Nicolaï  


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